Extrait du journal

PORTRAITS D’ACADÉMICIENS (1) 11. < millier-Fleury. M. Cuvillier-fleury passe pour un critique sévère, et ce n'est pas un médiocre mérite par ce temps de complaisance effrontée et de courtisanerie littéraire; d’autant que cette sévérité, toujours courtoise, ne s’adresse qu’aux méchants livres. Le mot est vieux; mais jamais il n'a été plus de mise qu'aujourd'hui : je ne sais si nos livres sont plus mal laits que ceux de nos pères; à coup sûr ils sont plus dangereux, plus agressifs et, comme on disait jadis, « plus méchants». Ce sont ceux-là que M. Cuvillier-fleury traite en ennemis et auxquels il n’accorde point de quartier. Sa critique, qu’il appelle ingénieusement « une critique défensive » est sans cesse — je dirais sur la brèche, s'il laissait faire brèche aux idées qu’il défend. Il a l’me guerrière et militante. Tout le monde, depuis près d'un demi-siècle, l'a vu à son poste de combat, et ni sa verve ni son ardeur n'ont souffert du cours des ans; il a blanchi sous le harnais, il n’a point faibli. C’est peut-être une indiscrétion de dire qu’il a aujourd’hui plus de soixante-dix-huit ans (2) : il pourrait en cacher une partie ;...