Extrait du journal

La Belgique était le champ d’expériences du cléricalisme : les dimensions restreintes du pays, son attachement à la religion catholique, l’influence dont y jouissent dans les campagnes les castes sacerdotale et nobiliaire, l’ignorance d’une partie delà population,lui offraient un terrain admirablement préparé où il pouvait tenter des essais qui, s’ils réussissaient, devaient un jour être appliqués sur un plus grand théâtre et, avec la France, lui livrer le monde. En Belgique, deux choses favorisent les menées ultramontaines. En premier lieu, s’il est vrai que la liberté politique y soit plus développée qu’en France, que les esprits y aient une plus grande habitude du self-government, en revanche on peut affirmer avec quelque raison qu'en général les mœurs y sont moins libres, et cela parce que le sentiment de l'égalité y est moins répandu. En second lieu, il est plus facile d’agir sur le suffrage censitaire, qui fleurit encore en Belgique, que sur le suffrage universel: on se rend plus aisément maître de scrutins qui s’expriment par une moyenne de deux mille voix, au lieu qu’en France la moyenne lest de dix mille voix au moins. A ces deux points de vue, le cléricalisme a plus beau jeu en Belgique qu’en France; mais, par contre, la candidature officielle y est tout à fait inconnue : le gouvernement, en effet, ne se jette pas ostensiblement dans la mêlée; il ne fait pas intervenir à son profit toutes les forces dont il peut disposer, et, si l’on ne peut aller jusqu’à...