Extrait du journal

M. NHrdou. M. Victorien Sardou est né en 1831. Il a doge aujourd'hui quarante-six ans. Il a, dit-on, commencé, comme presque tous les auteurs dramatiques célèbres, par être sifflé ; mais il acté tant applaudi depuis, qu'il doit l'avoir oublié. Il s est éloigné du théâtre, puis il y est retourné — amantium ira, amortis redinteyralio, — et la renommée lui est venue avec une rapidité foudroyante. Non pas qu'il n'ait eu des échecs et des demi-succès : tout le monde y est exposé dans la carrière dramatique ; mais plusieurs de ses pièces ont fait courir tout Paris. Tout en surveillant scs représentations au Vaudeville et -au Gymnase, il fréquentait les abords de l’institut, peuplés de marchands de curiosités qui sont pour lui de vieilles connaissances. L’Académie française vient de lui en ouvrir les portes toutes grandes. Elle pouvait choisir un esprit plus littéraire : elle n’en aurait pas trouvé de [dus inventif et de plus fécond; en effet, M. Sardou produit vite et beaucoup; il ne lui déplaît pas de tenir à la fois l’affiche de plusieurs théâtres. En 1860, il faisait jouer, le 30 avril, Monsieur Garai au théâtre Déjazet, le 15 mai, les Pattes de mouche au Gymnase et, le 31 décembre, les Femmes fortes au Vaudeville, lia depuis renouvelé cet exploit : en 1865, il avait, le 21 janvier, cinq actes au Gymnase, les l'/eua? Garçons, elle â novembre, cinq actes au Vaudeville,/a Famille Benoiton. Il aime ces tours de force. Il a fait de la prose qui est bonne et des vers qui ne valent rien; comédies, opéras comiques, opéras bouffes, féeries, drames en cinq actes, voilà ce qu’on trouve à la fois dans le catalogue de ses œuvres. 11 est ondoyant et divers, ce qui ne l’empêche pas d avoir son caractère et sa physionomie....