Extrait du journal

Il est, semble-il, une condition à laquelle ne peut se soustraire une religion qui veut subsister au sein de nos sociétés modernes : c'est de s'interroger touchant son rapport aux principes sur lesquels reposent ces sociétés, et de s’assurer qu'il y a, entre elle et ces principes, non seulement actuelle compatibilité de fait, mais accord logique et harmonie. On a pu, jadis, se persuader que pour faire vivre en bonne intelligence la religion et la culture laïque, il suffisait de dresser entre elles une cloison étanche, et de les inviter à pratiquer consciencieusement la maxime : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » Ce serait une erreur de croire que la récente loi de séparation a consacré ce système.: elle y a mis lin. Car la maxime en question considère comme nécessairement donnée l’existence des deux termes, tandis que la loi de séparation fait partie d'un système qui tend à ignorer la religion, et à doter l'État des moyens de s’en passer....