Extrait du journal

n l’École des beaux-arts. C’est toute une affaire que de vaincre l’indifférence du public parisien et, bien qu’il se croie novateur par excellence, de lui faire accepter une nouveauté. Il faut piquer notre amour-propre national, s’écrier que l’étranger nous devance, que nous allons devenir le peuple le plus arriéré de l’Europe : alors la honte nous saisit, nous mettons une généreuse ardeur à réparer le temps perdu, et nous recevons avec empressement de nos voisins ce que nous sommes tout étonnés de n’avoir pas inventé nous-mêmes. Voilà pourquoi MM. Charles Éphrussi et Gustave Dreyfus, en ouvrant a 1 Ecole des beaux-arts une exposition de dessins des maîtres anciens, se sont modestement, abrités derrière les exemples donnés l’année dernière et cette année par la Grosvenor Galfera et la Royal Academy : pouvions-nous faire moins que les Anglais, quand notre pays compte les plus belles collections du monde et que le Louvre à lui seul ne possède pas moins de 35 soja dessins originaux? Peu rassurés, malgré fout, sur le succès de leur tentative, ils ont voulu intéresser à leur œuvre non seulement les artistes et les amateurs, mais toutes les âmes compatissantes et charitables; ils ont annoncé « que le montant des entrées et le produit de la vente du catalogue seraient versés dans la caisse du volontariat de 1 École des beaux-arts, destinée à abréger la durée du service militaire pour les élèves pauvres ». C’était, comme on le voit, joindre l’utile à l’agréable. Enfin, pour ne négliger aucun élément de succès, pour attirer les gens occupés le jour et pour séduire les désoeuvrés du soir, ils ont appelé à eux les splendeurs d’un éclairage électrique fort bien entendu. Tant de soins ne sont pas restés sans récompense : un public d élite a répondu à l’aimable invitation qui lui était faite, et,...