Extrait du journal

V aura-t-il encore une Assemblée au moment où paraîtront ces lignes? En vérité, nous n’en savons rien. Les législateurs impuissants de Versailles nous paraissent absolument mûrs pour le suicide et la dissolution. 11 se pourrait que par crainte de cette dernière nécessité, en présence de la majorité infime a laquelle ils ont dû le rejet de l’urgence sur la proposition de M. Léon de Malleville, ils cherchent un refuge aujourd’hui môme dans l'ajournement des lois constitutionnelles. Oui, la proposition audacieuse, inouïe, de M. de Castellane, a maintenant des chances : la peur explique, tout et rend tout possible. 11 se pourrait encore qu'on prit le parti de voter à la course le droit de dissolution, prérogative souveraine à laquelle le maréchal de Mac-Mahon parait attacher tant de prix, et la loi électorale, testament d'une majorité réactionnaire pour laquelle il n’y a plus d'avenir dans le pays. Après quoi on s eu irait, on se sauverait, sauf à retenir de nouveau dans quelques mois tenter l’épreuve de constituer une seconde Chambre ; effort stérile et vain qui échouerait encore d'une maluire piteuse, constatation d’impuissance qui serait cette fois c signal de la dissolution irrévocable et sans sursis. Dans toutes ces hypothèses, ajournement immédiat ou à bref délai, disoption dans dix jours ou dissolution dans quatre ou cinq mois au retour des vacances, c’est toujours la fin, le suicide, este assemblée est morte, elle le sent, elle le sait, elle n’a même plus la force de le nier....