Extrait du journal

(Suite) Le vicomte de V au d ri court épousa donc Mlle de Courteheuse. Les deux époux éprouvant l’un pour l’autre une mutuelle affection, la lune de miel fut ravissante. Bientôt un enfant vint resserrer encore les liens d’une union si. bien assortie. Cependant cet oisif du grand monde n’avait pas, durant fies années, mené impunément la vie parisienne. Il commença bientôt à trouver son foyer monotone. Aliette s’occupait beaucoup des soins à (donner à son enfant et fréquentait les églises. Lui, retourna â son ce relie et signifia à sa femme qu’elle s’était trompée si elle l’avait épousé dans l’espoir de le convertir. Ne croyant à rien de ce que sa femme adorait, il entendait qu’elle respectât ses négations raisonnées comme i l respectait, lui, ses fois aveugles. Madame de Vaudricourt se résigna,, mais ce fut pour elle une grande déception. En se mariant, elle avait bien compté convertir son mari,et cet espoir était entré pour beaucoup d;ans l’amour qu’elle avait pour lui. C’était du reste une fleur de serre fjjhaude, en même temps qu’un ange de candeur et de pureté ; et ce Vaudj.ricourt était bien sot de vouloir que cet ange allât souiller ses ailes dansJ ce tout Paris, avide d’émotions, où toutes les classes se coudoient dan^s la promiscuité du vice et de la débauche. De cette promiscuité mondaine née d’une vie de plaisir à outrance, de ce mélange des’ classes qui tend à abaisser les unes sans élever les autres, M. O. Feudllet cite un joli exemple bien dans les mœurs de l’époque. Je laisse la /parole à l’auteur, dont je ne saurais imiter le style pimpant et léger ety surtout l’art exquis de peindre, avec délicatesse et sans jamais y salir sfbn pinceau, toutes les corruptions et toutes les indécences. Rien du Jiaturalisme moderne ! 1 « C'était en ces termes qu’ils vivaient alors, six ans environ après leur I mariage, Aliette continuant machinalement de traîner, dans un monde i qu’elle détestait et qui ne l’aimait pas, sa tristesse hautaine et sa santé fatiguée; Bernard, toujours partagé entre une secrète colère et une secrète pitié, tous deux presque également malheureux... Au mois de mai...