Extrait du journal

(Mœurs contemporaines) Depuis 1894, époque à laquelle éclatèrent la dernière bombe et les représailles de la Société, époque où furent élaborées les lois dites « lois scélérates », les anarchistes ont pris la dénomination de libertaires. Sous cette appellation nouvelle, ils ont pu pendant quelque temps goûter quelque tranquillité, car la police qui avait pour mission de les pourchasser n’a plus su où les prendre quand ils eurent changé de nom. Mais aujourd’hui les hommes de la police se sont familiarisés avec les effets, d’ailleurs assez superficiels, de cette mutation et leur vigilance continue à s’exercer, toujours aussi active, aussi intelligente, et avec un zèle, un dévouement, qui, m’affirmait un anarchiste, vont jusqu’à la provocation. • « Car, ajoutait-il non sans malice, plus de bombe, plus de galons, plus de croix, plus d’avancement. Il n’y a vraiment que les policiers pour souhaiter sincèrement le renouvellement des attentats à la dynamite et le bouleversement partiel de la Société; partiel, car ils espèrent que dans toute organisation future on conservera une police quelconque et que leurs droits à la retraite continueront à courir. »...