Extrait du journal

■ * Le détachement du suffrage universel 11 se produit, en ce moment, un des événements les plus saisissants de notre histoire parlementaire : l’effondrement du parti auquel, trois ans avant, le suffrage universel avait confié les destinées de la France. Rappelez-vous les élections de 1906. Rarement une de nos grandes consultations nationales avait si profondement changé les forces respectives des partis. Dans la chambre nouvelle, les deux fractions du parti radical (radicaux et radicaux socialistes) avaient, à elles seules, près de la moitié des élus. A leur gauche, les socialistes, à leur droite ceux des modérés qui ne diffèrent guère des radicaux que par l’étiquette, et qui en étaient restés, pendant des années, les alliés très sûrs, revenaient, eux aussi, en plus grand nombre, et assuraient au bloc de gauche une majorité écrasante. Largement prépondérants par leur nombre, comme par leur position intermédiaire, qui plaçait dans leurs rangs l’axe de la majorité, les radicaux étaient, de l’aveu de tous, les maîtres de la situation ; ils allaient exercer une influence décisive, et porter les responsabilités correspondantes....