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La Revue, 15 octobre 1911

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La Revue
15 octobre 1911


Extrait du journal

L y a des superstitions scientifiques, comme il y a des superstitions religieuses. Les deux se valent. Elles font dévier et paralysent notre raisonnement. Guidé par la foi, le raisonnement laïque devient aussi étroit et sectaire, que s’il était nourri par le miracle et le dogme. Il admet toute opposition d’autant plus difficilement, qu’elle lui paraît être toujours inspirée par des forces hostiles à la science elle-même. Il se méfie souvent du simple bon sens, comme un crédule religieux du diable et des diablesses. Ceux qui épousent une superstition scientifique sont encore plus redoutables que ceux qui lui ont prêté la vie. Le dogme de l’infériorité de la femme a poussé des racines tellement profondes dans la mentalité de nôtre temps, que l’idée de vouloir l’en déloger frise presque la folie. La plupart des savants l’enseignent et leurs adeptes en sont tout à fait convaincus. Il y a des hommes rares qui en doutent quelquefois, mais les femmes y souscrivent avec une bonne grâce touchante. Après tout, comme les femmes de valeur montent en gradée, d’après cette théorie, et deviennent presque des hommes, elles acceptent avec un sourire reconnaissant cet avancement qui les rend doublement exceptionnelles....
La Revue (1900-1919)

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