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La Revue, 15 octobre 1912

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La Revue
15 octobre 1912


Extrait du journal

œANS diverses études publiées ici, notamment la Crise de la Laideur et Le Préjugé de la Nouveauté, j'ai essayé de déterminer les causes profondes de l'inquiétant « mouvement d’avant-garde » auquel le public français assiste, non sans stupeur, depuis quelques années. comment, aux belles œuvres et aux hardiesses nécessaires de l'imexpressionnisme, ont succédé des théories spécieuses, des œuvres de plus en plus contestables, et enfin la proclamation du primitivisme, de l'individualisme outrancier, de la nocivité de toute culture ; comment ces différentes manifestations de sectarisme ont abouti à l’anarchiste où se débat ce malheureux art de peinture, on peut se l’expliquer par l’examen des expositions. La manie de l’originalité préalable et obligatoire a démontré trop clairement ses résultats : le désaveu de l’Ecole, salubre pour les forts, est devenu pour les médiocres le droit au désordre, à l’ignorance et à la vanité. Il fallait s’y attendre : là où les artistes sérieux ne rejetaient les faux maîtres que pour s’en donner de plus beaux, c’est-à-dire l’étude des grands morts, le travail et la nature, les autres ont compris plus commodément qu’en ne sachant rien, en improvisant et en payant d’audace on peut toujours attirer l’attention, toute absurdité pouvant d’ailleurs être justifiée par une théorie. Pour quiconque a suivi de près l’évolution récente, si les effets extérieurs sont déplorables, les raisons cachées n’ont donc rien d’obscur ; à cette « Constituante » que fut l’impressionniste, il fallait sans doute pour successeurs les Marat, les Père Duchêne et les aboulistes de ce « sans-culottisme » pictural qui a un grand Salon des Champs-Elysées pour club des Cordeliers et les Indépendants pour section des Piques....
La Revue (1900-1919)

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