Extrait du journal

La nouvelle du prochain licenciement des Pontonniers a produit, à Avignon, une légitime émotion. C’est dans cette ville, en effet, que le i6me Régiment d’ArtilleriePontonniers est venu se fixer, au lendemain de la guerre de 70-71, après s’être reformé à Lyon. C’était l’esprit encoreaccablé de cruelssouyenirsetlecœurnavré, par l’abandon forcé de notre vieille garnison des bords du Rhin, que nous débarquions ici, vers la fin d’Aoùt 1871, au milieu de la curiosité et de l’enthousiasme de la population, avec laquelle nous n'avons cessé, dès lors, d’entretenir les relations les plus cordiales. Il me souvient que nous autres, enfants de giberne, nous suivions le Régiment que précédait sa remarquable musique dirigée par l’habile Tillé, mort depuis. C’est aussi, à Avignon, que tous les Alsaciens-Lorrains de ce corps — et ils étaient en grand nombre — optèrent pour la nationalité française en donnant à cet acte le caractère d'une touchante manifestation patriotique. C’est, enfin, ici, que presque tous les retraités ont élu domicile, espérant trouver dans le voisinage de leurs frères d’armes plus jeunes, cette douce satisfaction qu’éprouve le vieux militaire qui a la conscience d'avoir noblement et fidèlement servi sa patrie. Désormais, ils Yie pouvaient plus goûter cette joie au sein de leurs chères Provinces perdues !...