Extrait du journal

J'ai songé aux lieues qu’on ferait pour venir jouir de ces quelques heures divines, après des journées où le thermomètre montant toujours, montant encore, comme la bourse un jour de victoire ministérielle, comme la Durance un jour de grande- crue, atteignait même à 1 ombre, sur l’échelle qui mène à l’eau en ébullition de fantastiques degrés ! J’ai songé à cette aimes- $ sphère lourde, pleine de vapeurs malsaines qui pèse sans trêve pendant ces mois d'été dans les villes moins privilégiées : Nimes, Montpellier, avec leurs nuits étouffantes où le drap même est trop lourd, où l’on halète faute d’air respirasse, où le sommeil, quand on peut l’obtenir, se peuple d’affreux cauchemars. Et par-cicargaison avec ce que j’avais vu et éprouvé, j’ai réalisé tout le charme de nos soirées avignonnaises, fraîches quand même ; et j’ai compris surtout et savouré l’exquise beauté des heures passées sous les grands arbres des allées, au bord du Rhône avec, pour accompagnement à nos rêveries, l’harmonie d'une valse lointaine....