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La Silhouette, 21 juin 1846

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La Silhouette
21 juin 1846


Extrait du journal

A Dieu ne plaise que la Silhouette abuse de ses avantages pour imposer à ses lecteurs une cent-soixante-quinzième version de la façon dont le chemin du Nord vient de pendre sa crémaillère ! Certes, nous aurions bien le droit, après le pernicieux exemple que nous ont donné tous nos confrères, y compris ce pauvre mais honnête Charivari, de brocher sur ce beau sujet nos dix-neuf petites colonnes, comme M. Achard de VEpoque, ou de confier, comme les Débats, à deux de nos rédacteurs le soin de se répéter l'un l’autre et d’endormir nos abonnés en partie double à propos de Lille et de Bruxelles. Mais nous sommes bons princes, et, bien que nous ne fussions pas du voyage, nous renonçons de très-bon cœur à vous en faire la description. Ce n’est pas que nous n’ensachions aussi long, et plus long peut-être que les heureux élus de M. de Rothschild touchant certains détails intimes de cette solennité gastronomique. Mais ne chagrinons pas cet excellent baron en lui révélant les aigrisses que la faim et surtout la soif ont fait subir à ses victimes tout le long, le long du chemin. Au bout de quelques kilomètres, les gosiers desséchés imploraient déjà quelques gouttes d’un bienfaisant liquide. « Attendez, attendez Amiens, disaient les gens bien informés. C’est la place de ravitaillement. » Après quatre mortelles heures, on a touché à Amiens; mille Tantales s’élancent hors des wagons. A boire! à boire! s’écrie un chœur universel. O désappointement! ô désespoir ! A peine quelbues bouteilles de vin antes in surgit vaste, et sur lesquelles les premiers convives arrivés ont opéré une razzia à peu près complète. On se rembarque, mourant de faim, de soif, en proie à toutes les horreurs des maux décrits par M. Eugène Sue dans le naufrage de la Salamandre. A Lille, le repas est chimériquement splendide -, mais le désordre est tel qu’on vil de privations au sein de l’abondance, et...
La Silhouette (1844-1850)

À propos

La Silhouette est une revue mondaine et littéraire ayant paru de manière hebdomadaire entre 1844 et 1850. On y trouve notamment des caricatures. Une d’entre elles, caricaturant Charles X en jésuite, vaudra une peine d’emprisonnement de six mois au gérant de la publication. Parmi les personnes ayant collaboré à la publication se trouve Honoré de Balzac.

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Données de classification
  • de rothschild
  • eugène sue
  • berlioz
  • amiens
  • lille
  • bruxelles