Extrait du journal

La grande affaire du moment, c'est le concert de Mme Mari»; Pleyel, cette Corinne du piano, celte artiste inspirée, au front calme, aux yeux rayonnons, aux mains à la fois aériennes et viriles. Toutes les curiosités sont en éveil dans le monde artistique, littéraire et j aristocratique : le général Tom Pouce n’est pas venu à Paris pour se faire voir, mais pour entendre Mme Pleyel. Félicien David lui-même, ce succès ponsardique, celle vogue-polka,est oublié. Réentendre Mme Pleyel apures dix ans de silence et lorsque son talent a décuplé, c’est une de ces bonnes fortunes qui justifient l'engouement parisien, si souvent gaspillé mal à propos. Nous qui avons récemment entendu celle reine des pianistes de tout sexe, nous déclarons n’avoir jamais vu aucun artiste réunir à la fois, comme elle, l'éclat et la limpidité, la majesté et la grâce. Quoi de plus merveilleux que la puissance alliée au sentiment, la largeur à la délicatesse...