Extrait du journal

Le mol de l'énigme est trouvé. Les classes qui, avec le sentiment du malaise, possèdent aujourd'hui l'usage des droits politiques, échappent de toutes parts à l’influence des royalistes coalisés. Elles trouvent que l’exploitation des masses par une poignée de privilégiés a duré beaucoup trop longtemps. Elles sont lasses d'être toujours blessées dans leurs intérêts comme dans leur dignité; d'invoquer en vain sa justice ; de végéter dans l’ignorance et dans la misère, sans avoir souvent d'autre perspective que l’hôpital, la prison ou le dépôt de mendicité. Tant que ces classes ont été désarmées on a méprisé leurs plaintes; on est resté sourd à leurs justes réclamations ; ou s’est contenté de les fouler aux pieds pour les écraser davantage, pour les enfoncer plus avant dans leur fange. Mais aujourd’hui que la République les a armées du suffrage universel, aujourd’hui qu’elles peuvent, avec leur vote, se faire rendre justice et se débarrasser de leurs anciens oppresseurs, on les craint, on les flatte, on leur témoigne de la bienveillance. On sent qu'il est nécessaire de les tromper en feignant de s’intéresser à leurs souffrances et en demandant les réformes qui doivent améliorer progressivement leur déplorable situation. Voilà pourquoi les loups revêtent des peaux de moutons; voilà pourquoi nous avons à signaler des miracles qui font marcher jusqu’aux bornes , jusqu’aux sépulcres blanchis....