Extrait du journal

Chez nous, jusqu’à la fin, par esprit d'humanité, on laisse au condamné l’espoir qu'il va peut-être bénéficier d’une mesure de clémence. Il ne connaît pas le jour de son exécution. Il dort sa dernière nuit en songeant qu’il en aura peut-être beaucoup d’autres à dormir. C’est seulement une heure avant l'exécution, alors que la guillotine est dressée aux abords de la prison, qu’on vient lui annoncer que son recours en grâce est rejeté et qu il va mourir. Et on le presse ; il n’a pour ainsi dire pas le temps de réfléchir à son propre sort ; on est autour de lui ; on ne le laisse pas seul mime pendant l’espace d’une seconde ; on 1 aide à s’habiller, on lui fait sa toilette, 1 aumônier, l’avocat sont là qui lui offrent leurs bons offices, cependant que les aides s’impatientent et le bourreau vérifie le fonctionnement de la sinistre machine. De telle sorte que le condamné vit cette dernière heure comme on vit un cauchemar, sans avoir complètement repris ses esprits....