Extrait du journal

MADRID, 20 février. — La fièvre des dernières semaines est tombée. Le ministère de défense de la Constitution de 187G a exposé, hier soir, son programme. Sa politique est préventive et conservatrice, c’est-à-dire opportuniste. Il s’agit de profiter rapidement de la détente pour essayer de pacifier les esprits avant l’ouverture de la période électorale qui durera les trois ou quatre mois nécessaires aux élections municipales, provinciales et générales, les premières devant avoir lieu le dernier dimanche de mars. D’ici là. le procès des républicains et socialistes compromis dans la tentative révolutionnaire de décembre dernier aura eu lieu et les libertés, suspendues depuis 1923, auront été probablement rétablies. Le gouvernement a devant lui six semaines de relative tranquillité durant lesquelles il pourra travailler à la stabilisation de la peseta dans de meilleures conditions que le ministère Berenguer. Pendant ces six semaines les partis d’opposition décideront de la tactique répondant aux circonstances nouvelles. On constate déjà une tendance à la participation électorale au moins pour les élections municipales chez les partisans des Cortès constituantes et les socialistes. La crise qui vient de se dénouer a eu entre autres conséquences celle d’éloigner M. Sanchez Guerra de la politique active en raison de son état de santé et d’écarter la possibilité d’une collaboration des républicains ‘et des socialistes à un gouvernement royal quelconque. Les partisans des Cortès constituantes devront tenir compte dans l’avenir de ce fait. Il est probable que les partisans des Cortès constituantes suivront dorénavant les directions que leur donneront MM. Melquiades Alvarez et Santiago Alba. On ne peut, pour le moment, faire d'autres prévisions. Une trêve commence. Sa durée est limitée à quelques semaines. Quelle sera l’efficacité de la promesse faite par le gouvernement de donner à des Cortès ordinaires la possibilité de réviser la Constitution de 1876, tout en maintenant l’in tangibilité de la monarchie ? On ne saurait répondre à cette question qui domine toujours la politique espagnole....