Extrait du journal

Dès lors, M. Pierre-Etienne Flandin veut amener les capitaux thésaurisés à sortir de leur retraite et à s’investir dans l’activité économique. La baisse du taux de l’intérêt, liée à l’appréciation des rentes, lui paraît le facteur initial de ce « dégel ». Avec l’argent moins cher, on pourra non seulement décongestionner certains prix de base et sans doute modérer la progression du service de la dette publique, mais encore et surtout dispenser plus facilement du crédit à l’industrie altérée. Comme la trésorerie de l’Etat a besoin cette année de 12 à 15 milliards, il était à craindre que si le ministère des Finances demandait cette somme à des emprunts à long terme, le taux de l’intérêt ne se tende au lieu de s’abaisser. On serait allé ainsi au-devant d’un échec. On médite donc de s’adresser aux capitaux à court terme : disponibilités de la Caisse des dépôts et des comptes de dépôts des banques privées. Mais ces dernières ne peuvent souscrire des effets du Trésor en quantité appréciable que si elles sont assurées de pouvoir les recompter à la Banque de France. La Banque jusqu’ici n’a rien voulu savoir; M. Tannery réussira-t-il à convaincre le Conseil de régence ? Ce n’est pas sûr. On sent une volonté sourde de résistance et le Bulletin quotidien donnait hier un article de fort mauvais augure où il exprimait, en les poussant très au noir, les craintes que lui inspire la nouvelle politique de M. Flandin quant au sort de la monnaie nationale....