Extrait du journal

Peser les avantages ou les inconvénients possibles de l’accord exigerait certes des développements plus amples et plus précis. Çes réflexions n’y prétendent pas; elles ne sauraient être rien de plus qu’un rappel au sang-froid, une protestation contre des clameurs dangereuses et infantes. Le traité austro-allemand n’est pas plus une catastrophe qu’une libération. Il doit être accueilli comme un fait normal dont on doit s’efforcer de tirer des conséquences en vue d'une organisation rationnelle de l'Europe — rien de Rlus. La fumeur de nos, nationalistes est d’autant plus ridicule qu’elle se sait parfaitement vaine. Une fois de plus, en effet, l’Europe ne nous suit pas. L’Italie se réserve, l’Angleterre ne se ! prononce pas formellement, invoque une procédure longue et calmante, mettant en jeu les rouages compliqués de la S. D. N. et de la Cour de La Haye. On négociera pendant des mois, des années peut-être, et une conclusion théorique viendra lorsque personne n'y pensera plus. En l’état actuel des choses/ c’est peut-être ce qu’on peut souhaiter de mieux. Nous n’aurons ainsi rien fait que montrer à nouveau cet état d’esprit inquiet, impulsif, du vainqueur apeuré, étroitement conservateur, cramponné au statua quo fait par lui et pour lui. La sagesse, eût dit philosophiquement Anatole France, consiste au moins à savoir souffrir ce qu on ne peut empêcher. Mais nos nationalistes n’ont plus commerce avec la sagesse, même la moins exigeante....