Extrait du journal

Au-dessous du manoeuvre qui travaille plus ou moins regiflièrement chez 1 Européen, audessous du kilammès qui végète, misérable, mais sur du lendemain, chez son maître indigène. il v a la foule dénuée de tout, le déchet qui demeure au fond de toute société... veuves, répudiées, orphelins, vieillards sans enfants, inlires sans nombre, c'est un véritable peuple de miséreux qui gît dans tous les replis de la plaine et de la montagne algériennes, et dont l’existence est un problème. Encore n’y comptons-nous pas les innombrables champas, fainéants par goût ou par nécessité, ceux qui ne mendient point faute d’aumônes possibles, mais qui courent çà et là les repas de noces, marchant des journées entières pour disputer aux chiens quelques os à la fin d’une dii'fa, pauvres hères dont l’organisme" est si bien adapté a 1 inanition qu'à l'autopsie, on a peine, paraît-il, ii distinguer leur estomac du reste «de leur appareil digestif. Toutes ces larves, tous ces squelettes gémissants, se dressent, se pressent a certaines heures, après une mauvaise récolte/' se joignent aux fellahs qui les secouraient hier, pour assaillir, comme d innombrables remords, l’administration qui s’évertue à les empêcher de . mourir......