Extrait du journal

Il faut renoncer à l’idée de considérer Barye comme un peintre. Dans un siècle qui a élevé la peinture si haut, qui a eu Louis David, Géricanât. Ingres, Delacroix, Théodore Rousseau, Corot. Daubigny, Millet, Courbet, Fauteur des cent cinquante toiles qu’expose l’École des Beaux-Arts, ne saurait compter. Il faut même aller plus loin et dire que ces amusettes d’enfant sont indignes du nom qu’elles portent, et que, par respect, les organisateurs de l’exposition auraient dû les tenir éloignées. Que le grand sculpteur, dans les loisirs de ses villégiatures au milieu des paysagistes de Fontainebleau, ait pris le pinceau en manière de passetemps. je l’admets et volontiers le lui pardonne. Qu’après une matinée tout entière consacrée au travail, il se soit laissé aller à promener un regard complaisant sur l'étude qu’il venait d'achever, cela est trop humain pour que j’y trouve à redire. Mais ces essais hasardeux, il avait la sagesse de ne les montrer à personne ; il les empilait l’un sur l’autre dans une armoire de Barbizon. Pourquoi n’avoir pas imité sa retenue? Pourquoi les avoir tirés de l’ombre? Espère-t-on, en nous les présentant pêle-mêle avec des chefs-d’œuvre auxquels notre admiration est acquise, faire illusion à nos regards? Qui donc, ayant la moindre entente du coloris, se méprendrait à ce point d’accepter pour de l’art cette lugubre maçonnerie de tons sourds, opaques, sans vibration ni lumière, aussi impuissants à délimiter une forme qu’à marquer la succession des plans, ou à laisser fuir les lointains?...