Extrait du journal
Notre ami et collaborateur, André Lefèvre, va publier, chez les éditeurs Sandoz et Fischbacher, une traduction complète en vers français, du De recrue Natura, de Lucrèce. Nous donnons ici, en attendant l’ouvrage, le début du premier livre. De la nature, aïeule des Romains, O Vénus, volupté des dieux et des humains, Tu peuples, sous la voûte où glissent les étoiles, La lerreauxfruitssans nombre et l’ondeauxmille voiles ; C’est par toi que tout vit ; c’est par toi que l’amour Conçoit ce qui s'éveille à la splendeur du jour. Tu parais, le vent tombe emportant les nuages, La mer se fait riante ; à tes pieds les rivages Offrent des lits de fleurs suaves ; et les cieux Ruissellent inondés d'un calme radieux. A peine du printemps la face épanouie Par la brise amoureuse éclate réjouie, Les oiseaux tout d'abord chantent, frappés au cœur, Ta venue, ô déesse, et ton assaut vainqueur; Puis les troupeaux charmés dans les joyeuses plaines Bondissent ; tant d’ivresse a coulé dans leurs veines! Ils fendent les torrents ! L’univers est séduit; Le inonde vivant court où ta loi le conduit. Partout au sein des mers, des fleuves, des montagnes, Souslesbois pleins d’oiseaux, dans les vertes campagnes, A travers tous les cœurs secouant le désir, Tu fécondes l'hymen par l’attrait du plaisir. Toi qui présides seule à la nature entière, Toi sans qui rien ne monte à la sainte lumière, Puisque rien n’est aimable et charmant que par toi, Sois mon guide en ces vers ; viens, et daigne avec moi Pour notre Memmius dévoiler la Nature. Tu l'aimes, je le sais; ta faveur me l'assure; Envers lui tes bienfaits attestent ta bonté. Donne donc à mes vers l’éternelle beauté! Cependant, assoupis les fureurs de la guerre. Tu peux seule aux mortels sur Pende et sur la terre Accorder la douceur du bienfaisant repos; Oui, Mars, le dieu du glaive et des sanglants travaux, Souvent se laisse aller dans tes bras; la blessure 1) un éternel amour l’enchaîne à ta ceinture; Son cou ferme et poli sur ton beau sein couché, l’mut béant de désir, l’œil au tien attaché, 11 repaisses regards avides; et son âme Qui monte, suspendue à tes lèvres, se pâme. Que tes membres sacrés d’un long embrassement Enveloppent,déesse, enivrent ton amant! Que ta bouche, exhalant le baume des prières, Nous obtienne la fin des luttes meurtrières. Cette œuvre souffrirait de nos calamités. Quel esprit serait calme en ces temps agités? Et Memmius, ce fils d’une race héroïque. Manquerait-il sans honte à la chose publique?...
Données de classification - albert collignon
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