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La Voix de la vérité, 18 juillet 1852

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La Voix de la vérité
18 juillet 1852


Extrait du journal

fanée. El ces législateurs, ces sages si renommés ne purent trouver assez d’intelligence ou assez de sensibilité pour descendre jusqu’à s’occuper de femmes et d’enfants. Mais que d’amour, que de dévouement autour du foyer catholique ! L’enfant est toujours sacré, l’épouse, la mère, toujours honorée. Et pour sou tenir, diriger les soins du chef de famille, l’opi nion, la loi, pleines de l’esprit catholique, veillent avec inquiétude au salut de tout ce qu’il y a de faible sous sa main. Dans l’éducation, nous travaillons à former le citoyen, mais sans oublier l’homme. L’Etat doit être servi, défendu pour avoir la force de servir, de défendre lui-mème les intérêts, la cause de tous. Mais tout en consacrant une partie de son activivité à l’Etat, chacun conserve son mouve ment propre. Il vit pour sa famille, il vit pour soi. Il a sa sphère parliculière, sa spontanéité, sa libre et franche allure, foutes les forces d’un peuple chrétien ne se consument pas dans la vie du dehors. Au sortir des champs de bataille ou de la place publique, il peut rentrer en soi-même, et reprendre cette vie interne, source de dignité, de noble indépendance, de mœurs calmes et pures. Aussi, tout frémissant des émotions fiévreuses de l’Empire, enivré de gloire et de bruit, couvert de la poussière de cent batailles, se reposera-t-il, sans déchoir, dans les sereins loisirs de la Res tauration. C'est la réalisation de Yotium cum dignitate dans toute sa beauté. Le mysticisme ca tholique, passant des cloîtres dans le siècle, nous apprit cette vie si haute où l’homme, seul avec Dieu ou avec la nature, médite, contemple, rêve, se perd délicieusement dans ces idéales régions, pleines de religieuses mélancolies et des appari tions de l’infini. Mais dans la Grèce, à Rome, l’homme n’était élevé, n’existait que pour la république. Il ne s’appartenait en rien. La volonté du gouverne ment était pour lui toute la justice, son intérêt, sa suprême loi. Il n’y avait ni père, ni fils, ni époux, ni ami. Il ne resiail que l’homme sans nom de l’Etat. De là cet abaissement profond, cet anéantisse ment des multitudes devant quelques hommes. De là ces aveugles dévouements, ces vertus hors de la nature, ce patriotisme sauvage qu’on a voulu attribuer à l’élévation de l’Ame, à la gran deur du caractère, et qui montrent uniquement à quel oubli de la dignité naturelle les institutions sociales avaient fait descendre les peuples anciens. De l’impuissance où étaient ces hommes de se concentrer en soi, de vivre de la famille ou d’euxmêmes, résulta aussi le mouvement éternel qui les emportait. Et quand la conquête ou l’épuise ment des partis ramenait la paix, que le despotis me fermait les abord de la place publique, leur activité sans emploi poussait ces énergiques natu res dans des excès inconnus, dans ces prodiges de cruauté et de débauche effrénée que nous ne comprenons pas aujourd’hui. Dans notre Europe catholique, grâce au Dieu qui se fit l’esclave des hommes, le serviteur sem ble un membre de la famille. Libre dans son ser vice, s’il en éprouve le besoin, il prend ses bras et s’en va. Chez les anciens, l’esclave était la bête intelligente de la maison, traitée, nourrie, en chaînée comme telle. Il vivait ou mourait selon le caprice de l’acquéreur. On le tuait pour un vase brisé, pour avoir servi froid; on le tuait pour le tuer, pour mêler les vapeurs du sang au parfum du falerne; pour apaiser l’ennui, et écarter ce Dieu importun des palais en lui offrant des vic times humaines! Quant aux citoyens, leur sort vis-à-vis des chefs de l’Etat était à peu près celui des esclaves. Du là d'éterneiles insurrections, des luttes terribles. Si la foule triomphait, sa victoire n'aboutissait qu’à changer le nom propre du despotisme, car le nouveau pouvoir ne sortait pas des voies de l’an cien. Si elle était vaincue, d’atroces vengeances noyaient dans le sang la cité en ruines. Mais aucune idée ne germait dans ce sang, aucun progrès ne sortait de ces fatales expériences, qui put consoler de tant de crimes et de malheurs. Aujourd’hui, sous la loi du prince de la paix, ces luttes sont bien plus rares, bien moins cruel les. Et elles sont toujours des biens pour nous. Chacune des crises qui passent sur le monde nous apporte son enseignement. Le sol n’est ja mais remué, le sang ne coule que pour féconder quelque nouveau germe de perfectionnement cl de bonheur. Mais ce qui est surtout remarquable, (c’est ce fonds d’inépuisable vigueur qui défend de la mort, qui rajeunit même nos sociétés au mi lieu des plus formidables épreuves. Depuis que l’Europe nous montre le merveilleux spectacle de vingt nations assises au même soleil, aucune n’a péri dans les orages qui ont battu cette vieille terre. Et quand elles semblaient entrées dans sa période de décadence, reprenant soudain leur...

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Créé en 1846, La Voix de la vérité était un quotidien parisien catholique. Il disparaîtra en 1858.

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