Extrait du journal

Il faut se demander tout d’abord si le président de la République doit être un militaire. Pour nous, celer question ne lait pas l’objet du moindre doute. Nous professons une svlime toute particulière pour les militaires, pour ces hommes de cœur et d’abnégation qui consacrent leur noble vie au rude et ingrat métier des armes ; nous applaudissons de toutes nos forces à leurs exploits; notre cœur palpite au récit de leur gloire; mais, comme Cicéron, nous avons la conviction profonde que les militaires sont tout-à-fait impropres au gouvernement des Etals ; non pas que l'intelligence leur manque , de l’intelligence ils en ont infiniment ; mais ce qui leur manque c’est le sens pratique des affaires, c’est la connaissance des lois , ce sont ces sages tempéraments que les chefs d’empires et, à plus forte raison, les chefs d’une République, doivent apporter dans tous leurs actes. Voilà ce qui manque aux militaires. Assouplis au joug de la discipline et de l’obéissance passive, il< conçoivent pas que l'on doive mener une nation autrement qu’un peloton de grenadiers. Pour eux, le régime de la force brutale, le régime du sabre, est la suprême justice, est la suprême loi. Ne sachant qu’obéir ou commander, ou bien ils se soumettent passivement à la volonté des autres, ou bien ils imposent arbitrairement la leur. Un président militaire serait donc ou l’esclave d’une coterie qui gouvernerait en son nom, ou un tyran qui écraserait le peuple sous le talon de sa botte. Or, nous ne voulons ni de l’un ni de l’autre....