Extrait du journal

étions acquises, ce qu’il faut accorder à l’Allemagne, c'est le droit de prendre un nouveau départ. Il ne faut pas que sa défaite pèse sur son âme comme un péché originel. Aucun peuple, comme aucun individu, ne garde le goût de la vie si, après les crises qui l’ont ébranlé, il ne garde le sens des recommencements. Les revendications de l’Allemagne sur le couloir polonais, son impatience du régime actuel des réparations sont des faits d’ordre politique ou financier, rejoignent ces difficultés, ces antagonismes dont l’Histoire a égrené le long chapelet et que le temps a, tant bien que mal, résolus ou amenuisés. Mais ce qui peut être, et doit être accordé à l’Allemagne, tant que ses dirigeants resteront orientés dans un sens constructif, tant qu’ils seront arc-boutés contre le fanatisme des foules, c’est une égalité parfaite avec les autres pays, sur le plan national et sur le plan humain. Ce à quoi elle a droit, c'est au non-travestissement de ses intentions. Les faits de sa vie publique peuvent être un objet de libre appréciation, mais nul n’a le droit d’y mettre ce qu’ils ne contiennent pas. Le mal ne doit pas se voir appliquer un coefficient que l’on refuse au bien. Singulière façon de concevoir une cure que de s’hypnotiser sur tous les indices morbides et de négliger les indices favorables, de ne pas voir dans le malade celui qui sera l’homme bien partant de demain !...