Extrait du journal

X voilà revenu le temps du budget, en attendant celer des cerises. A ce que nous en savons, il y a bien de quoi trembler comme les feuilles naissantes. Les Américaine, eux. ont de la chance dans leurs déboires. Leur nouveau secrétaire du Trésor est compositeur de musique et pianiste. Par surcroît, il ne compose et joue que de la musique gaie. Il remporte de très vifs succès dans ses œuvres. Mieux : quand le secrétaire du Trésor cherche l’inspiration pour résoudre une question financière, il se met au piano. Alors, la solution lui vient, empiles les arpèges, les trilles et les fugues. Vous en penserez ce qu’il vous conviendra. Moi, je trouve cette méthode charmante. Car j’imagine que M. le secrétaire américain du Trésor fait naturellement passer la souplesse et l’harmonie de sa musique dans sa manière d’aménager les impôts. Il y fait également passer toute la gaieté de ses compositions et de son jeu. Heureux pays ! Nous devons regretter, en nos jours de « grande pénitence de n’avoir point, chez nous, un mélomane émérite et un grand argentier réunis sous le même veston. Tout au plus si nos compositeurs de budget jouent d'un orgue de Barbarie, qui moud des airs — toujours les mêmes airs — infiniment tristes... Impôts et taxes assimilées... Majorations... Aménagements... Aujourd’hui plus qu’hier et bien moins que demain... Et si M. le secrétaire américain du Trésor venait jouer gaiement du piano en notre doux pays, le fisc infligerait une taxe à son instrument....