Extrait du journal

Par ces temps d’inquiétude où, plus ou moins, chacun se sent troublé, je ne sais rien de plus consolant, de plus apaisant, de p!us rafraîchissant aux yeux comme à l’âme qu’une visite aux différents jardins de Paris. Qu’il s'agisse des Buttes-Chaumont, du parc Montsouris trop ignoré, du Champ de Mars ou du Bois de Boulogne, sans oublier les Tuilelies et les jardins du Trocadéro, il suffit de prendre place un montent sur l’un des bancs qui bordent les pelouses et le miracle aussitôt s’opère. En ce moment, les arbres ont revêtu leur entière parure et beaucoup forment sur nos têtes de vastes parasols de fleurs. Il pleut des pétales blancs et roses autour de nous. On dirait vraiment que les gazons et les haies sont vernis à neuf. Dans tout cela, les enfants vont et viennent comme autant de sylphes charmants. Leurs bonds s’apparentent à ceux des biches et des jeunes cerfs. Ils s’agitent avec une sorte d’animalité splendide, faite pour réjouir le cœur des mères. Si le parc offre en quelque endroit la surprise d’un bassin, alors les transports ne connaissent plus de bornes. Les voiliers en miniature sont lancés par leurs orgueilleux propriétaires souvent guère plus grands qu’eux et déjà blasés sur le plaisir de se sentir observés. Patientes, mamans et ourses tricotent ou lisent à quelques pas, attentives aux gestes de leurs jeunes tyrans....