Extrait du journal

Ne trouvez-vous pas, comme moi, que MM. les éditeurs exagèrent? C’est, en effet, toute l’armée allemande qui, en quelques mois, à la suite de M. Erich Maria Remarque, a envahi les vitrines de nos libraires, et si d’aventure vous cherchez la vie romancée du divin Mozart vous tombez inévitablement sur les souvenirs d’un mitrailleur de la garde prussienne ou sur les impressions d’un nettoyeur de tranchées de l’armée du kronprinz. Le succès de A l’ouest rien de nouveau a grisé les survivants allemands qui tiennent une plume et tenté nos éditeurs. Le bombardement de Paris recommence, mais cette fois sous la forme de livres qui se succèdent et tombent sur nos tables, nous apportant les relents d’un passé que le vent de Locarno s’efforce, au contraire, de faire oublier. C’est à n’y rien comprendre. Le mieux, assurément, est de ne pas couper la bande qui entoure ces précieux témoignages. Que nous apprendraient-ils de nouveau ?...