Extrait du journal
IL y a longtemps déjà que la i propagande de Moscou, uni- : lisant à plein rendement les speakers d’Alger,, a décidé de réduire les problèmes nationaux et internationaux qui se posent aux Français à leur plus simple expression. Je dois lui 1 rendre cette justice qu’elle n’y avait pas mal réussi, bien qu’au- ! jourd’hui le tissu commence à s'user et laisse voir la corde. Le thème était simple : il s’agissait < d'établir, par des affirmations péremptoires accompagnées de violentes imprécations, qu’il n’y a plus de vie française, plus de voix française, plus de libertés françaises, plus d’indépendance française sur le territoire de la métropole et que tout ce qui est libre, indépendant, vivant, s’est réfugié sur les territoires protégés par les libérateurs et occupés par eux. Tout ce qui vient de France, j’entends de la France continentale et métropolitaine, est spécifiquement et exclusivement allemand. Le Maréchal est, à entendre ces patriotes indignés," aux ordres des Allemands. Le président Laval passe son temps à demander aux Allemands ce qu’il pourrait faire pour leur être agréable et leur débite chaque jour la France en tranches. Darnand est inscrit à la Gestapo où il a fait embaucher tous les miliciens. quant à moi, s’il m’est permis d’en parler, je parle deux fois par jour sous le contrôle, la menace et la dictée de la propagande allemande. Tous les magistrats de France qui condamnent des bandits, tous les policiers qui les arrêtent, tous les professeurs qui reçoivent les circulaires de M. Bonnard et y obéissent, tous les Français qui vont et viennent, en observant les règlements, tous les paysans qui livrent des denrées pour empêcher les citadins de mourir de faim ; tous les cheminots qui ne font pas dérailler les trains ou qui ne sabotent pas les voies ferrées, tout cela c’est du gibier de potence ou de mitraillette ; ce •ont des suppôts de l’ennemi, des valets de l’occupant, des instruments du nazisme, des vendus à l’étranger. A y bien réfléchir, la manoeuvre n’était pas maladroite. L’Allemagne venait de nous abattre et nous occupait. Ni la défaite, ni l’occupation n’ont jamais été agréables aux battus et aux occupés et je crois l’avoir souligné assez souvent et sans ambages. Il devenait donc certain qu’on trouverait une audience assez large en s’élevant contre les vainqueurs et les occupants. A partir de ce moment, on ne parlait plus des Français ; on parlait exclusivement des Allemands. Et on avait eu tôt fait de prétendre que pourvu qu’on fût antiallemand, on était bon français et on travaillait bien pour son pays....
Données de classification - staline
- gautherin
- abas
- baty
- paul bonny
- bonnard
- darnand
- lénine
- churchill
- france
- allemagne
- europe
- angleterre
- churchill
- londres
- alger
- russie
- gaston
- paris
- parlement
- nations unies
- union
- artois