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L’Assemblée nationale, 17 avril 1853

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L’Assemblée nationale
17 avril 1853


Extrait du journal

(Suite.) Au dedans, Richelieu ne continua pas ce qu’a vait fait Henri IV ; il fit tout autre chose. Henri IV avait pacifié : Richelieu lutta. Henri IV s'était ef forcé de rallier au trône les mécontents, grands seigneurs ou autres ; Richelieu les brisa. Henri IV avait poursuivi, dans les hautes régions de la so ciété française, un but de transaction ; Richelieu poursuivit un but de domination. Par un grand malheur qui s’est reproduit plus d’une fois dans le cours de notre histoire, il y fut contraint. Quand l’ascendant et l’habileté de Hen ri IV disparurent, la cour et la noblesse de France retombèrent. 1 une dans res intr‘urne« frivoles nui décrient le pouvoir, l’autre dans ces factions indis ciplinées qui déchirent l’Etat. Autour du trône et au loin dans les provinces, l’esprit d’indépendance et d’ambition étourdie se déploya follement ; l’es prit politique, qui veut qu’on sache mesurer ses forces, concerter ses mesures et transiger sur ses prétentions, manquait à tous les partis ; la royauté et la France dépérissaient dans une stérile anar chie. Richelieu y opposa le pouvoir absolu. Triste remède aux maux qui n’en trouvent point d’autre. L aristocratie et la démocratie peuvent également, par leur inintelligenceet leurs excès, rendre le pou voir absolu nécessaire; et quand le pouvoir absolu devient nécessaire, les hommes qui se font ses repré sentants ne se refusent à aucun des attentats qu’il nécessite à son tour. Entre les mains du cardinal de Richelieu, le pouvoir absolu fut dur, souvent inique et cruel, mais point livré à ces vues étroites et à ces terreurs subalternes qui, d’ordinaire, le poussent à détester et à combattre tout progrès social, tout mouvement intellectuel. C’était un despotisme jeune et hardi, impitoyable à ses adversaires, mais •plein d’intelligence et d’initiative, ménageant les libertés qui ne l’obligeaient pas à les combattre, et portant faveur aux choses grandes et nouvelles , -oit du gouvernement, soit de l’esprit. Il commen ça, dans plusieurs branches de l’administration publique, d’importantes améliorations. Il réprima rudement les révoltes des protestants, et ne négli gea rien pour les abattre comme parti politique; mais, sous le point de vue religieux, il laissa l’édit de Nantes en pleine vigueur, et le fit soigneuse ment observer envers ceux des réformés qui ne de mandaient qu’à pratiquer librement leur culte. 11 roulait dominer à l’Académie française comme au Conseil ; mais il aimait les lettres, prenait vraiment intérêt à leurs travaux et plaisir à leur éclat, et ne s’alarmait point de leurs progrès. Au dehors, il pratiqua sans hésitation et sans relâche la politique que Henri IV avait préparée. Pour lui, évêque et cardinal, servir et grandir la Fiance, par le bras des protestants étrangers , contre la puissance qui se disait et qu’on disait catholique par excellence, l’entreprise était hardie; il y fallait une liberté et une fermeté d’esprit rares; ellès ne manquèrent pas un seul jour à Richelieu, et elles lui réussirent, et à la France comme à lui, au-delà probablement de sa pensée. Non-seule ment il atteignit le but qu’il poursuivait directe ment ; il arrêta en Europe l’empire de la maison d’Autriche, et lui opposa la grandeur croissante de la maison de Bourbon : indirectement, il fit beau coup plus; il imprima décidément, à la politique française, dans les affaires où l’Etat et l’Eglise se touchent, cette attitude indépendante avec mesure, et laïque bien que fidèle, qui a exercé sur le carac...

À propos

La Gazette de France refusant de publier l’adoption de la deuxième République à la suite des Journées de février, Adrien Lavalette fonde son propre journal une semaine plus tard, le 1er mars 1848. En quelques semaines, L’Assemblée nationale devient alors la voix la plus forte du camp révolutionnaire. Suspendu plusieurs fois, le journal est contraint de changer de nom. Il devient Le Spectateur en 1857, mais est interdit dès l’année suivante à la suite de l’attentat d’Orsini.

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