Extrait du journal

Passer l’éponge d’entrée de jeu sur le réarmement allemand, sans obtenir pour l’avenir des garanties concrètes que le même traitement ne continuera pas d’être appliqué aux engagements nouveaux qui seraient substitués à ceux qui ont été vio lés, ce serait évidemment pousser un peu loin la naïveté dans la condescendance. Mais, d’autre part, fulminer contre le réarmement allemand sans rien pouvoir faire contre lui, écarter en même temps par là toute chance de conclure cette convention de désarmement qui, par l’institution du contrôle sanctionné, est la pièce maîtresse de l’organisation inter nationale de la sécurité, c’est se con damner à rechercher la sécurité moins dans la direction des pactes régionaux que dans celle des alliances à l’ancienne mode. Nous n’ignorons pas que certains esprits s’en consolent sans peine. Ontils bien examiné la balance de ce que ces alliances nous apportent et de ce qu elles nous imposent? Contracter une alliance, c’est accepter certains risques en échange de certaines garanties. Une bonne alliance est une alliance où les ga ranties équilibrent au moins les risques. Il est malheureusement clair que les al liances sur lesquelles les adversaires cl une convention de désarmement affec tent de faire fond comportent sensible ment plus de risques alliés garantis par la France que de risques français garan tis Dar les alliés. C est pourquoi nous souhaitons que nos ministres reviennent de Londres avec un accord. Georges Bidault....