Extrait du journal
LE nouveau président de T Assemblée nationale constituante n’est pas un homme neuf. Il n’en est que plus remarquable qu’il ait, en prenant possession du fauteuil, fait entendre un langage dont la résonance et les accents incitaient mon voisin, membre éminent de l’opposition de droite, à s'écrier : « Il y a tout de même quelque chose de changé ». Certes, en invitant les élus du peuple à • s’opposer sans jamais se déchirer », l’orateur restait fidèle à Jean Jaurès dans la lettre comme dans l’esprit. Mais, en parlant des droits et de la dignité de la personne humaine, il renouvêlait et fortifiait la tradition du socialisme • utopique » d’inspiration française par le langage et la pensée des dé mocrates d’inspiration chré tienne. Aucun alliage n’est plus propre que celui-là — il nous plaît de le souligner — à hausser les Français audessus d.’eux-mêmes, et la politique française au-dessus des niveaux anciens. Quand l’historien futur pourra dresser un parallèle entre les malheurs du temps et la sagesse de la nation, entre la misère du peuple et la dignité relative de ses manda taires, il verra dans ce phéno mène un signe de notre matu rité et la marque de ce « tem pérament robuste » qu’exal tait déjà Chateaubriand. Tout se passe comme si nous étions avertis par l’instinct le plus sûr que les dissensions et les violences nous donneraient le coup de grâce, et que la trêve des haines est la condition du salut. En serait-il ainsi, nous le demandons avec le président de l'Assemblée nationale, si les grandes familles politiques du pays n’avaient pas trouvé leur expression dans quelques partis forts et disciplinés qui >— pour beaucoup — sont, en quelque sorte, la première école de l’abnégation ? Jamais le plus grand des Français, notre de Gaulle, n’aurait pu céder aux raisons impérieuses par lesquelles sa conscience lui commandait la retraite, si l’organisation pro visoire mais spontanée de la démocratie qu’institua le ver dict du suffrage universel n’avait assuré la continuité de la France et de la République. Jamais, en particulier, il n’aurait pu se retirer du pou voir, et transformer sa pré sente protectrice en une sorte d’ombre immense, que nous sentons planer avec une nos talgie terrible, si la puissance acquise et conquise par notre Mouvement Républicain Po pulaire n’avait constitué la garantie que, lui parti, la France demeurerait un lien, au lieu de devenir un enjeu, entre les Alliés, et la Répu blique un lien, au lieu de devenir un enjeu, entre les citoyens. (Lire la suite en 3* page, 7* colonne)...
À propos
L’Aube est fondée en 1932 par Francisque Gay et Gaston Tessier. Ce journal d’opinion, d’obédience catholique et de gauche, a d’abord beaucoup de mal à rallier les catholiques démocrates du pays à cause de son positionnement pas vraiment clair entre socialisme et Église. Il arrive néanmoins à fidéliser un lectorat restreint. Pacifiste et favorable à la politique de Locarno, L’Aube fut souvent violemment attaquée par la droite catholique ainsi que par l’extrême droite, notamment L’Action française.
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