Extrait du journal
Il r.Vst pas étonnant que les grands corps responsables s’effraient de responsabilités supplémentaires imaginées sans leur autorisation. Ils se savent déjà très lourdement chargés par les tâches statutaires qui leur incombent et marquent peu de goût, d’ordinaire, pour y joindre des soucis imprévus Cependant, il arrive qu’il faille tout changer des routines et que ce!i seul permette de faire face honorablement à des problèmes lais sés sans solution par les voies habituelles. Parmi ces problèmes sans solution, nous trouvons la coordination vraie des efforts militaires entre les Etats occidentaux, la réalisation d'un juste équilibre l'établissement d’une efficacité valable, la suppression des soupçons qui s’entre-croisent, enfin l’établissement correct des par ticipations nécessaires pour la tâche assumée ensemble. Sans une armée européenne, il est difficile d’empêcher les peuples alliés de l’Occident de faire des comparaisons entre eux qui, exactes ou moins exactes, risquent d'aboutir à l’exagération de la déf.ance. Sans une armée européenne, il est difficile de persuader ceux qui sont aux premières loges pour le péril que leurs partenaires contractuels ne sont dé cidés à la défense commune qu’après qu’ait été préservée leur défense particulière par des moyens dont ils sont seuls juges. Sans une armée europjerne, il est impossible d’inclure l’Allemagne dans la défense ac territoires dont les premiers à être menacés sont des territoires allemands. Si les Etats européens sont vraiment convaincus que leur cause est commune il doit être possible de faire que leur défense soit commune. Si chacun d’entre eux cherche à garder à l’écart, pour lui-même, ce qu’il jugera nécessaire à sa défense particulière nous risquons de ne plus trouver pour la défense de tous que les médiocres restes qui au ront été jugés inutilisables pour la défense de chacun. Si, comme c est actuellement le cas, chaque pays décide soudainement du contingent et des moyens qu’il peut mettre à la disposition de l’effort collectif l’bistoi'C et le bon sens proclament que le principal sera fait au nem du « chacun pour soi » et que l'Europe dans son ensemble sera dclendue par les surplus. Cela a cessé d'être raisonnable, cela a même cessé d’être supportable. Nous défendons les franchises fondamentales de: une liberté indivisible. Une telle défense ne supporte n cence. I.es « égoïsmes sacrés » équivalent au suicide est forte. Si elle s’obstine à ne maintenir l’unité que dans complir par les moyens qui lui conféreront la force qui lui manque, c’est qu’elle aura choisi de périr. Mais ce n est pas fait, et nous ne laisserons pas s’engloutir dans la lenteur d esprit et dans la médiocrité des routines cette partie du conti nent européen, l’Occident ce liberté et d'humanité qui aurait ta.it de forces s’il voulait seulement le savoir et les réunir au lieu de les disperser. La défense de l’Europe n’est pas l’addition d’une série de défenses nationale; séparément conçues. Il n’y a plus de fleuves, de montagnes, de bras de mer qui permettent à chaque nation, même reliées, comme c’est aussi le cas de la France, à des territoires repartis dans les cinq parties du monde, d'envisager son sort isolément. Il faut donc que chacun donne tout pour tous. La tentation de cher cher une issue tu mettant à l’écart le plus possible de ses moyens pour soi-même doit être repoussée sans équivoque. La devise du chacun pour soi signif e la mort pour tous. Si elle était adoptée — même sans être proclamée — il n’y aurait plus de moyen d’échapper à un sort qui serait d’abord la guerre, ensuite la défaite, enfin la destruction. Seule peut nous séparer de cette affreuse perspective une volonté résolve de tout mettre en commun pour tout préserver, l’ensemble, et chacun d’entre nous. Evidemment, nous nous heurterons à toutes sortes de pensées oui sont enracinées dans la longueur des temps. Beaucoup de batailles, y compris îes plus récentes, beaucoup de souvenirs, y compris les plus cruels, divi sent le; forces ov’il s’agit de rassembler. Mais une question de vie ou de mort est posée. La vie, c'cst de comprendre aujourd’hui les nécessités nue nous impose à tou; l’identité de la menace. La mort sera-t de l’ignorer T ont ’e monde parle de l’Europe. Il ne suffi! pas d’en parler, il faut la faire Pt. puvqu’il faut toujours commencer par un bout, c’est pai la défense ou’il faut commencer Elle entraînera le reste. Si nous t e faisions pas l’u i té pour la défense, il ne resterait plus personne pour parler de l’Europe, sauf, peut-être, le conquérant, qui, une fois de plus, accommo derait le terme à sa façon, à l’encontre de tout ce que signifient son r.om, son pasvé et son destin. (Lire la suite en deuxième page, première colonne.)...
À propos
L’Aube est fondée en 1932 par Francisque Gay et Gaston Tessier. Ce journal d’opinion, d’obédience catholique et de gauche, a d’abord beaucoup de mal à rallier les catholiques démocrates du pays à cause de son positionnement pas vraiment clair entre socialisme et Église. Il arrive néanmoins à fidéliser un lectorat restreint. Pacifiste et favorable à la politique de Locarno, L’Aube fut souvent violemment attaquée par la droite catholique ainsi que par l’extrême droite, notamment L’Action française.
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