Extrait du journal
GERMERSHEIM, ... mors. — Nous sommes ou sud de Spire. Le jour se lève sur le Rhin dont les eoux grises et turbulentes servent encore, pour quelques heures ou quelques minutes, de frontière. Cochées sous les orbres et les taillis de lo rive gauche, les divisions françaises, dont les moteurs et les cœurs bottent en sourdine, attendent l'instant que tous les hommes ont espéré pendant des années. Bien que toute une province oHemondc oit été déjà conquise, l'invasion, pour nos soldots, commence ou Rhin. Ils exultent. Jamais je ne leur ai vu, dans le combat, ce visage souriant, et cependant l'aventure est périlleuse. Dons la nuit d'hier, par surprise et avec des moyens réduits, quelques éléments ont pris pied sur l'autre rive, devant Spire. Mois tout o l'heure, sur notre droite, une tenta tive de franchissement s'est heurtée, ou feu des case mates ennemies. Le vrombissement des canots d'assaut déchire l'air. Quatorze bateaux montes chacun par douze hommes quittent, ou signal, la plage d'embarquement cachée dans un petit bras du Rhin et s'élancent vers le chenal qui donne accès au fleuve lui-même. La passe franchie, des rafales de mitrailleuses cinglent aussitôt lo surface Accroupis, les hommes reçoivent des paquets d'eau que ’ soulèvent les balles... | C'est, vers l'outre rive, une course hallucinante. Des embarcations s'enfoncent dons l'eau, des moins se cris pent, des casques émergent que le courant emporte aussitôt et que poursuivent les vedettes de secours. Mois lorsque, plus tard, je chercherai à connaître l'histoire de ces petits drames, l'officier qui commande là-haut me répondra : « Je n'ai pas regardé derrière moi un instant ». Les tirailleurs débarquent et se plaquent ou sol le long du talus. Ils restent là, seuls, coupes de l'armée, pendant que les bateaux, rapides comme des hors-bords, reportent en soulevant des gerbes d'eau. Les passages se succèdent jusqu'à ce que le contingent soit assez fort pour attaquer. Dans là journée, le général de Lattre de Tossigny tra verse le fleuve sous les balles et monte sur la digue qui domine lo plaine allemande où s'engagent les premières patrouilles. Semblant ne pas voir les obus qui tombent à proximité : « Il faut que nous oyons ce soir ce vil lage », dit-il en montrant un clocher. A la nuit tom bante, l'objectif est atteint ; l'ennemi battra en retraite en incendiant ses propres villes, comme il l'a fait dons les Vosges. Et, demain, les chars passeront le fleuve sur des radeaux. Puis, on établira un pont de bateaux, un peu plus loin. Lo lre armée française aura franchi le Rhin, tour de force et acte symbolique....
À propos
L’Aube est fondée en 1932 par Francisque Gay et Gaston Tessier. Ce journal d’opinion, d’obédience catholique et de gauche, a d’abord beaucoup de mal à rallier les catholiques démocrates du pays à cause de son positionnement pas vraiment clair entre socialisme et Église. Il arrive néanmoins à fidéliser un lectorat restreint. Pacifiste et favorable à la politique de Locarno, L’Aube fut souvent violemment attaquée par la droite catholique ainsi que par l’extrême droite, notamment L’Action française.
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