Extrait du journal

IL faut revenir sur le message de Nicolas Bcrdiacff, penseur russe mort il y a deux semaines et qui. après avoir vécu en terre de France la seconde moitié de sa vie et de sa carrière philosophique, repose maintenant parmi nous, dans l’étroit cimetière de Clamart. Il me souvient de l’avoir rencontré à Meudon. chez Jacques Maritain — dans cette maison où des hôtes incomparables n oubliaient jamais que le catholicisme est un universalisme — ou, encore, dans quelque réunion oecuménique entre chrétiens de diverses confessions et où il apportait le témoignage des orthodoxes. Son visage ravagé de tics était inoubliable; il semblait refléter, pour emprunter l’une de ses expressions favorites, « la tragédie du peuple russe >. Son langage était toujours d’une bouleversante sincérité; dans ses propos comme dans ses écrits, il ne mettait rien au-dessus de...