Extrait du journal

devenait un tribunal : et la leçon d’histoire se muait en réquisitoire. Un des avocats m’avait dit : — Les juges ne pourront appliquer de peine pour des fautes que n’a pré vues aucune loi. Mais l'attorney général est allé audevant de leur pensée. — Les lois internationales existent, a-t-il dit. Depuis vingt ans. tous les peuples se sont, par crainte de guerre, évertués à établir des chartes qui constituent aujourd'hui une véri table juridiction. Signé le 1er octobre 1925, le traité de Locarno constituait une ’ renonciation à la guerre et était considéré comme tel aux yeux des juristes et des peuples ; première preuve d'un ordre légal européen, il affirmait une volonté généreuse d’atténuer les justes rigueurs du traité de Versailles. La guerre illégale « Le 27 août 1928, soixante nations,, parmi lesquelles figurait l'Allemagne', signèrent, en outre, le traité connu sous le nom de pacte de Paris, ou pacte Briand-Kellogg ; les signataires renonçaient officiellement à la guer re, ce qui voulait dire que celle-ci était devenue illégale. Le pacte de Paris faisait la loi des nations. » Le second argument juridique des avocats est le suivant : une peine ne peut être appliquée si son établisse ment est postérieur au crime. Autre ment dit, elle n’a jamais d'effet ré troactif. Mais, s'adressant aux incul pés, le procureur déclara : — Vous allez payer pour des actes qui étaient déjà des crimes quand vous les avez commis et pour le paiement desquels nous ne manquions que des tribunaux compétents Si le meurtre et le pillage individuel tom bent sous le coup des lois de nos pays, pourquoi des méfaits dont l’am pleur et la portée sont infiniment plus...