Extrait du journal

« Nous » venions d'être condamnés ! Lui s’était soumis, sans dis cuter. Nous, ce coup terrible nous avait terrassés. Et voici que, quelques mois à peine après cette épreuve, il convoquait au monastère de la Pierre-qui-Vire ceux qui ne refusaient pas de continuer à travailler à ses côtes. Sa circulaire adressée au troupeau dispersé par la foudre, était pressante, chaleureuse, je dis même, pour qui savait lire entre les lignes, « suppliante ». Ses milliers de camarades, res centaines d’amis qui le tutoyaient, qui l’avaient servi, fêté, aimé, porté en triomphe, qui s’étaient battus pour lui (plus, peut-être, que pour ses idées), tous ceux-là allaient-ils le laisser seul, maintenant, devant Dieu et devant les hommes ? Nous fûmes trente-deux à passer le seuil de la Pierre-qui-Vire Trente-deux sur des milliers. Trente-deux seulement. Et lui qui avait entraîné, même les soirs d'orage, des milliers de jeunes, il nous comp'a le premier soir, dans cette salle capitulaire où sa voix assourdie se per dait par moments dans la nuit qui descendait. Trente-deux !... Il nous accueillit, remerciant le ciel de la fidélité de ces trente-deux. Quel écrasant souvenir ! Ce premier soir, il nous livra son âme meurtrie. Ayant parlé, il nous précipita à genoux, nous obligeant à prier pour celui qui nous frappait. 1 .orsque nous nous rele(Lire la suite en quatrième page.)...