Extrait du journal

L’initiative prise par M. Georges Bonnet, pour l'émission rapide d'un emprunt important, est bien accueillie à la fois dans les milieux financiers et dans l’opinion publique. M. Germain Martin, ancien ministre du Budget, rappelle que les experts, dès 1926, avaient signalé aux pouvoirs pu blics le danger que constitue une dette flottante trop considérable. Aujourd’hui, en particulier, il est devenu nécessaire de consolider les bons qui, conformément à la loi, ont été créés pour faire face aux demandes de remboursement et aux frais de la conversion. Ainsi, les Chambres françaises vont statuer sur l'emprunt et ses modalités dans le temps même où le Congrès amé ricain, convoqué pour jeudi en séance extraordinaire, fixera le sort du dollar. Car la situation bancaire et monétaire, aux Etats-Unis, est devenue telle que l’abandon de l’étalon-or pourrait fort bien, là-bas, apparaître comme indispen sable dans un tout proche avenir. Cependant, le franc est manifestement d’une solidité à toute épreuve. Tandis que la livre, en moins de dix-huit mois, a perdu près de 30 % de sa valeur, que le dollar, en dehors de la cotation offi cielle, accuse un brusque recul de 10 %, voici que l’Argentine base le cours de son peso sur notre franc. Actuellement, notre monnaie est gagée par de l’or à concurrence de 77 %. En effet, la Banque de France a dans ses caves pour 81 milliards d’or, auxquels s’ajoutent les quelques milliards de de vises qu’elle détient encore. En regard de ce chiffre, le volume des francs en circulation est théoriquement de 104 mil liards, mais en y comprenant 20 milliards de francs en dépôt à la Banque. L’en caisse-or s'est augmentée de 20 milliards depuis deux ans. Comme l’écrivait avec raison, hier, dans Paris-Midi, M. A.-L. Jeune, « le franc est invulnérable ». Ajoutons que le franc, dans l’intérêt du monde, est en situation de jouer un rôle international analogue à celui qu’a si longtemps assu mé la livre sterling. Gaston Tessier....