Extrait du journal

La cérémonie d’installation du bureau de l’Assemblée consultative a été simple, mais non dépourvue de grandeur. L’ovation flatteuse qui salua l’apparition de M. Gouin au fauteuil prési dentiel souligna l’estime que lui portent ses collègues. Son discours, très étudié, ne pouvait que rencontrer l’adhésion de tous. Le président plaça les futurs débats de l’Assemblée sous le double signe du bien public et du patriotisme. Il sut trouver les mots justes pour rendre hommage à la noble Angleterre, à l’indomptable Russie, à l’Amérique, prodigieux arsenal des démocraties et aux nations qui furent nos sœurs d’infortune. Il déchaîna de vibrants applaudissements en saluant le général de Gaulle, « symbole de la_ plus haute espérance française ». Et son appel à l’union pour la liberté, pour la République, fut d’autant plus_ pathétique qu’il répondait à la volonté de ceux qui surent donner leur vie à la patrie, comme il l’a rappelé en évoquant le souvenir d’Antoine Bissaguet, mort au champ d’honneur. Le général de Gaulle s’adressa ensuite pour la première fois à la nou velle Assemblée. Très droit, en simple uniforme, sans aucune décoration, dès que cessèrent les acclamations qui saluèrent son apparition à la tribune, il parla simplement, sans vain effet oratoire, sur le ton de la confiance. Ce fut plus un exposé qu’un discours. Il rappela tout d’abord la raison d’être de l’Assemblée. Le Gouverne ment veut rétablir la démocratie et rendre au peuple sa souveraineté. Les citoyens, dès que possible, seront appelés à s'exprimer par le suffrage. Mais en attendant, il faut qu’une Assemblée délibérative apporte par ses...