Extrait du journal

Désistements républicains QUOI QUE puissent en penser certains observateurs habiles à accommoder les statistiques selon leur propre vérité, il semble bien que le premier tour des élections cantonales apporte une indication favorable au regroupement de» partis de gouvernement. Le commentaire qu’en a fait M. René Pleven est Inattaquable : le suffrage universel a condamné, une nouvelle fois, toutes les démagogies. Il faut maintenant souhaiter que le second tour vienne confirmer cette victoire de la raison et de l’esprit public. 11 est bien évident que les communistes ont fait le plein de leurs voix et qu’ils ne peuvent espérer, dans la meilleure hypothèse, qu’une stabilisation de leurs positions. Si entraînés qu’ils soient à truquer les chiffres, leur défaite ne peut que s’aggraver. Le R.P.F. aura sans doute le plus grand mal à dissimuler un échec pourtant évident. Il a perdu, en quatre mois, plus de huit pour cent de ses voix et l’on peut reconnaître à ce signe le peu de goût qu’ont les Français pour l’aventure, l’esprit partisan et l’opposition stérile. La manière dont vont se régler les désistements, dans les jours qui viennent, aura presque autant de valeur indicative que le scrutin de dimanche prochain pour tous ceux qui n’oublient pas que la rentrée parlementaire est proche et que le problème de la majorité se posera inévitablement dès les premier jours de novembre. Je sais bien que les questions de personne ne sont pas étrangères à la tactique des désistements. Il est vrai que les intérêts locaux inspirent parfois les démarches de certains notables qui n’ont jamais eu la curiosité de jeter un regard au delà des limites de leur canton. Les chiffres acquis au premier tour ne sont pas toujours considérés comme des indications suffisamment nettes pour ceux qui placent au-dessus de tout leurs ambitions ou la défense de leur clan. Mais le plus habile et le plus sage n’est-il pas de s’incliner loyalement devant le verdict des élec teurs ? Ce verdict, il est permis de l’interpréter comme favorable, d une manière générale, à un regroupement républicain. Contrairement a ce que certains pensaient, il ne semble pas avoir été sérieusement in fluencé par le récent épisode scolaire. La fausse et funeste distinction entre - laïques » et ■ cléricaux ». que l’on voulait réintroduire dans la vie publique n’a pas constitué, sauf exception, la ligne de partage des voix. Si bien qu’au risque d’effaroucher certains délicats, je dirai que le système des apparentements avait du bon et que — le mot n’était pas nécessairement prononcé — c’est dans « l’esprit du 17 juin » que les alliances du second tour devraient être conclues. N’est-ce pas pour les républicains la seule manière d’exprimer leur fidélité à la majorité actuelle qui reste, qu’on le veuille ou non, la seule majorité démocratique possible ? Les négociations qui se déroulent actuellement entre les hommes ou les partis, en vue de préparer le second tour, ont donc une grande importance. Il n’est pas excessif de dire quelles engagent l’avenir de la légis lature et du régime. Il vaudrait mieux qu’on ne l’oubliât pas, tandis qu’on rédige les derniers appels aux électeurs, et qu’on prit un peu de hauteur — ne serait-ce que pour mieux apercevoir les courants divers qui traversent le canton. Pierre CORVAL....