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L’Aube, 11 novembre 1950

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L’Aube
11 novembre 1950


Extrait du journal

Voici donc que nous sommes conviés par 1 Union soviétique à des conversations à quatre sur le désar! niement de l’Allemagne. Il ne sera peut-être pas inutile de formuler à ce sujet quelques télexions éclairées par l’expérience. a œszz Disons, d’abord, que la conversation ne se refuse pas, même si l’on a des motifs de craindre quelle tende à la propagande et à la division plus qu'au résultat. Il suffit de prendre les précautions que la sagesse impose quant à l’organisation et particulièrement quant à l’ordre du jour, car il ne suffit pas de « causer ». il faut savoir de quoi on parle. La Russie nous invite à parler de l’Allemagne dans le moment où les événements les plus préoccupants sc produisent aux frc.itières de la Chine, comme elle a de bonnes raisons de ne pas 1 ignorer. Il n’y a évidemment aucun motif de pailer de ce que les Soviets jugent intéressant et de ne pas parler du reste, qui ne l’est pas moins. Il y a le problème de 1 Allemagne et il y a aussi les problèmes de l’Extrême-Orient, celui du traite de paix avec 1 /Xutnche, en panne depuis des années malgré d’exorbitantes concessions de la part de:, Occidentaux, celui de la situation chez les satellites au regard du res pect des droits de l’homme, celui du désarmement conçu autrement quc comme une mauvaise plaisanterie publicitaire... et on pourrait trouver sans peine d’autres sujets d entretien. ^ , 11 est d’ailleurs intéressant de constater que, pour la première fois depuis longtemps, ce qui est envisagé est une rencontre à quatre au lieu d’être une rencontre limitée aux Etats-Unis et à 1 U.R.S.S., com me cela était l’offre du Kremlin jusqu’à présent, et comme malheu reusement certains citoyens des pays démocratiques avaient eu l’étrange naïveté de l’accepter. Je me souviens de «es curieuses séances de la commission des Affai res étrangères de l’Assemblée nationale, à Paris, où il fallut quelque persévérance pour faire comprendre que Staline et Truman, même réunis par hypothèse sur les bords de la Seine, ne suffisaient pas à eux deux pour régler valablement les destins du monde. Le seul sou venir qui nous restera donc de cet épisode du passé est celui de l’acharnement avec lequel un député communiste s’opposa, non pas à la rencontre à deux, bien sûr, mais au choix de Paris pour lieu de cette rencontre attendu que Paris n’était plus la capitale d’un pays libre depuis le plan Marshall. Nonobstant 1rs propos de cet imbécile, M. Molotov ne tardait point à venir à Paris, d’ailleurs sans résultat. • Voici donc l’assemblée des dieux un peu agrandie sur le sommet de l’Olympe. S’ils réussissaient à s’entendre, ce serait une bonne chose de faite, mais il ne faudrait pas croire que cet heureux résultat fût en lui-même suffisant. La force, la richesse, le nombre, l’étendue, sont des facteurs d’influence et même d’autorité que le mouvement général du monde interdit plus que jamais de mésestimer. Mais il y a d’autres puissances que les cinq grandes puissances. L’indépendance d’un peu ple tend de plus en plus à s’insérer dans l’interdépendance des peuples, mais enfin cette indépendance existe et a le droit d’être respectée. La conciliation à quatre ne saurait être, en toute hypothèse, que la pré paration de la paix entre tous. Il est donc impossible de refuser la conversation, et il est heureux qu’on ait élargi le cercle des participants. Mais que faut-il espérer de l’opération ? Evidemment, il ne faut pas s’engager dans une telle entreprise sans le désir sincère d’en tirer quelque chose pour le bien général. Les maximes à la Guillaume d’Orange ne sont plus, dans la circonstance, d’une application désirable. Il faut entreprendre avec ’a volonté de réussir et toute la confiance raisonnable que peut inspirer un tel dessein. Cela dit, il faut avertir sans délai beaucoup d’hommes de bonne volonté que causer ne signifie pas conclure et que les chances de suc cès doivent être appréciées sans naïveté. Dans une conférence inter nationale de ce genre on trouve à la fin ce qui a été apporté, au début. Le dialogue, si on réussit à l’établir, et, à plus forte raison, la succession des monologues, n’ont pas par eux-mêmes des vertus mira(Lire la mita en 9» page, 4* col.)...

À propos

L’Aube est fondée en 1932 par Francisque Gay et Gaston Tessier. Ce journal d’opinion, d’obédience catholique et de gauche, a d’abord beaucoup de mal à rallier les catholiques démocrates du pays à cause de son positionnement pas vraiment clair entre socialisme et Église. Il arrive néanmoins à fidéliser un lectorat restreint. Pacifiste et favorable à la politique de Locarno, L’Aube fut souvent violemment attaquée par la droite catholique ainsi que par l’extrême droite, notamment L’Action française.

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