Extrait du journal

gendaire, vaste comme un lac qui s’étirerait d’un bout a l’autre de la vallée et tout traversé du lent rarnpement des chalands . ils vont vers la mer, ils en reviennent, creusant au fil du fleuve leur sillage, tel un immense « V » majuscule qui va s’élargissant vers les rives. Sur la rive droite, une cavalcade de col lines lancées à la poursuite l’une de l’autre, comme des cabris, noue sa haute fresque désordonnée à l’horizon couleur de cendre. Plus bas, à ras de l’eau, dans un lointain hallucinant, deux lourds panaches de fumée blanche, ondulés et mou vants comme des chenilles, vont à la rencontre l’un de l’autre : le lent va-et-vient des trains. On ne devine d’eux, là-bas, tout la-bas, que cette double et molle boursouflure qui va s’élargissant vers le ciel avant de s’y mêler et de s’y confondre. Une sorte de vapeur bleue pèse sur l’en semble, si légèrement ! (( Nous avons tout oublié... )) — Nous, nous avons tout oublié. Nous sortons de la guerre comme d'un ubime. A aucun prix, nous n'accepterions d'y rentrer Nous avons nos ruines, nous savons à quoi vous les devons à ce goût de la guerre, que, sans doute, voi s avions dans le sang, Nous ne l’avons plus : ce saug-là est versé ! Dix millious de morts cn Russie, cela nous suffit, et, nous en sommes sûrs, pour toujours. A l’Est, nous avons vécu (Lire la rutte en 3* page, 2* col.)...