Extrait du journal

Le dernier Conseil de cabinet avait arrêté le principe d’un nouvel emprunt de la Défense nationale. Le secret avait été bien gardé : jus qu’à hier dans la soirée, personne n’en a rien connu. La Bourse avait bien manifesté, en cours de séance, une reprise vigoureuse; les meilleurs observateurs de presse l’ont enregistrée en indiquant « que cette amélioration de lu tendance ne parais sait due à aucun fait particulier » ; tel est ce singulier milieu, sensible au moindre soufle, au meilleur comme au pire, même quand on ne sait au juste d’où il vient ni quelle est sa réelle con sistance. Pourquoi, devant cet inconnu pres senti, la réaction boursière a-t-elle été si favorable ? C’est que l’appel au crédit qui est an noncé se présente techniquement sous les meilleures auspices. Les spécialistes, qu’ont fait gémir à plusieurs reprises les opérations à long terme, vont applaudir à cette émission de bons à 18 mots. Le taux choisi, sans être honteusement onéreux pour l’em prunteur, est largement suffisant pour attirer les dépôts dont les banques sont actuellement gonflées. Les facilités promises pour les avances sur titres doivent faire tomber toute prévention chez ceux, parmi les souscrip teurs éventuels, qui hésiteraient peutêtre à s’engager, même pour dix-huit mois, si pendant ce temps ils restaient privés de la faculté de « remobiliser » leur argent. Nous n’insisterons pas aujourd’hui sur la notion de devoir patriotique qui s’at tache à cette souscription; nous voulons seulement souligner que cette notion existe, en l’occurrence, à l’état pur : l’emploi des fonds est contrôlé par un organisme haut placé, au-dessus de la politique, et investi d’une autre mission que celle de conserver telle ou telle for mation ministérielle. Nous voulons sou ligner aussi que cette notion de défense nationale a été comprise par les hommes...