Extrait du journal

Les Chambres rentrent aujourd’hui ; on ne l’aurait pas cru hier. La paix sereine, convenable aux au gustes maisons, régnait au Luxem bourg, et à se promener dans le PalaisBourbon on eût dit un établissement dont la vogue a passé et gui, à la veille de la saison, n’est pas assuré de faire ses frais. Non vraiment on n'aurait pas cru que cinquante interpellateurs attendent le gouvernement avec des armes fourbies durant quatre mois, des ambitions ai guisées depuis le même temps, des ran cunes qui ont pris du degré en même temps que de la bouteille; on n’aurait pas cru que sont en suspens des problè mes où ta mise en présence d’un gaz rare — l’argent — et d’une substance particulièrement dynamique — la dé magogie — risque de déterminer des combinaisons éminemment explosives ; que la majorité parlementaire est tra versée de courants chargés en sens con traire d’où peut jaillir la foudre ; on n’aurait même pas cru à l’éclatement du complot prédit pour aujourd'hui par l’Action Française. Cependant, on discutait sur l'objet même de la seance de rentrée de la Chambre : la fixation de l’ordre du jour pour le mois et demi que va durer la session extraordinaire. La commission des Finances n'aura achevé qu'à la fin du mois l'examen du projet de budget. A partir d’alors, le débat public se poursuivra à un ryth me de plus en plus accéléré pour pou voir aboutir en un mois et il est prévu qu'on reprendra la procédure rapide de discussion par ministère qui permit, l’an dernier, d’en terminer au bout de vingt-cinq jours. Au mois de décembre donc, les seules séances du vendredi seront consacrées aux interpellations. En attendant, on en aura liquidé une première liste cons tituée de façon à fournir un débat cohérent, sur un groupe de questions essentielles On s'était demandé si M. Yvon Delbos n’aimerait pas, avant son départ pour l’Europe centrale, être lesté d’un vote de confiance s’appliquant à la po litique dont il a la charge et si, par conséquent, on n’assisterait pas d’abord à un débat sur les affaires extérieures. Mais c’est évidemment la discussion la plus périlleuse en raison de la con tradiction des thèses qui s’affrontent au sein de la majorité. Il est donc beau coup plus vraisemblable qu’on voudra retarder le plus possible le moment où certains éléments de cette majorité se...