Extrait du journal

de ceux qui, dons tous les pays du monde, offrent leurs services au vainqueur. Et, tandis que les mitrailleuses crépitent encore, toutes proches, tondis que des soldats allemands agonisent sur la chaussée, ils enga gent la conversation et réclament impudemment du chocolat et des cigarettes. Je mesure alors, à mes propres sentiments, le mépris que purent avoir nos ennemis pour les collaborateurs... Un homme en imperméable vert, qui parle couramment le fronçais et l'anglais, nous conduit au sommet d'une tour d'où l'on découvre le Rhin et Dusseldorf : le Rhin, enjambé par trois ponts, coule au delà de quelques prairies pouilleuses encore tenues par les Allemands ; Dusseldorf s'étend jusqu'à l'horizon. Sur la rive qouche, la guerre est presque terminée ; et la vie reprend déjà. Mais sur la rive droite, il y a des milliers d'êtres qui attendent en tremblant leur destin : ces toits, ces cheminées d'usines s'écrouleront peut-être demain... Et déjà la sirène d'alerte mugit ; les avions alliés survolent la ville ; et, parmi les fumées qui jaillissent de partout on ne distingue plus celles des obus de celles des hauts fourneaux. La guerre va passer. L'homme en imperméable vert se tourne vers moi : — Les Allemands, me dit-il avec son tort accent, appelaient Dus seldorf le Paris de l'ouest en raison de sa gaîté. Il rit bruyamment à l'idée que nous allons y pénétrer....