Extrait du journal

Du moins, et par compensation, ce sanctuaire est-il plus accessible dans les autres instants de la journée, ouvre-t-il alors ses portes à deux battants, pour qu'à toute heure tout citoyen puisse venir puiser dans les trésors qu’il renferme? Les choses se passent ainsi ailleurs. Dans une ville voisine, par exemple, à Châlons-sur-Marne, qui n’a pas la moitié de la population de Troyes, la bibliothèque est ouverte de neuf heures du matin à quatre heures du soir, tous les jours, excepté le dimanche et le mercredi cl pendant les vacances. A Troyes, il en est autrement : la bibliothèque y jouit de vacances presque perpétuelles. C’est tout au plus si elle fait semblant de s’ouvrir deux ou trois jours par semaine, et deux ou trois heures sculem-nl dans ces-jours heureux, au moment précisément où les citoyens sont le plus occupés. De sorte que, pour la plupart d’entre eux, 1 ouverture de la bibliothèque publique est un problème, cl la bibliothèque elle-même une sorte de fiction, de mythe fabuleux. Dans leur esprit, ses cinquante-cinq mille volumes ne figurent que pour mémoire. Pour eux ils sont plus inabordables que s’ils étaient enfermés sous triples verrou, et ne semblent avoir été...