Extrait du journal
par Alphonse JUGE ANS Je discours d'une si 1er me sagesse qu'il a pro noncé le 14 octobre, le général de Gaulle a évoque les destructions qui endeuillent notre sol. Toutes ces ruines accumulées peuvent-elles plus long temps et seulement exprimer l'image d'une tragédie gigan tesque ? Ne doivent-elles pas plutôt et immédiatement com mander l'appel à un travail intense de reconstruction qui permettra à la France de faire face aux nécessités de la guerre, de reconstruire par son propre effort son économie ébranlée, et de donner aux Alliés qu'elle accueille un exemple complémentaire de ce que, fidèle à son génie, elle c0it entreprendre elle-même pour dominer l'épreuve et la vaincre ? Chacun sent bien cette nécessité du labeur qui doit etre entrepris dans un élan de solidarité totale. Dès juillet 1940, le peuple a eu d'instinct le sens de la grondeur française, de la pérennité de cette grandeur, défen due au prix de sacrifices acharnés. L'occupation lui fut un stimulant. Par la révolte de l'âme française contre l'iniquité, il y eut un « climat » de la résistance : il faut qu'il y ait aujourd'hui, par la victoire de la justice voulue par les tra vailleurs qui ont tout risqué pour quelle éclate et se pro longe au grand jour, un climat de la libération. Avoir le cœur à l'ouvrage, cela signifie, dans les jours que nous vivons, éprouver non point confusément, mais de lagon certaine, quand on se rend à l'atelier ou au bureau, que l'effort n'a pas été vain qui, pendant les longs mois de la clandestinité, a réussi à redonner tout son sens, tout son prix, tout son poids à la restauration de la justice. Dans ces conditions, il n'est pas étonnant que l'épuration et la répression des menées antinationales aient provoqué une véritable hantise. On ne peut dissocier cette tâche de toutes les autres tâches: la réalisation de celles-ci est même en partie fonction de l’accomplissement de celle-là. Certes, les magistrats auxquels il appartient seuls de se prononcer sur la culpabilité des serviteurs de l’ennemi et des suspects ont une lourde charge. Une fois de plus cependant, on les supplie qu'ils fassent diligence. Que rapidement soit mis un terme aux abus d'inculpations sans preuve commandées par de bas soucis de vengeance ou de rapine, mais que non moins rapidement les vrais coupables soient châtiés. Il faut pratiquer la justice jusqu'à l'intransigeance en se gardant de pousser l'intransigeance jusqu'à l'injustice, mais aussi — et les récentes mesures qui viennent d'intervenir ne sauraient sans doute manquer d'y contribuer — associer le souci de la promptitude aux soins qu'exige l'objective instruction du délit. Climat de justice aussi que celui que favoriseront des réformes de structure déjà amorcées et qui portent en elles, en même temps que la condamnation d'un régime écono mique et social contre lequel toute la Résistance s'est dressée, l'engagement de reconnaître au travail sa dignité et ses droits■ Dans ce domaine, les actes de rénovation ou plutôt d'innovation qui vont se développer contribueront à encou rager l'elan des travailleurs auxquels, probablement, on n'aura pas besoin d'enseigner longuement que tant que l'en nemi n'est pas battu, la reconstruction de notre économie doit être servie avec ardeur et célérité pour que la France impose a ses alliés et au monde le respect de son union et de sa force....
À propos
L’Aube est fondée en 1932 par Francisque Gay et Gaston Tessier. Ce journal d’opinion, d’obédience catholique et de gauche, a d’abord beaucoup de mal à rallier les catholiques démocrates du pays à cause de son positionnement pas vraiment clair entre socialisme et Église. Il arrive néanmoins à fidéliser un lectorat restreint. Pacifiste et favorable à la politique de Locarno, L’Aube fut souvent violemment attaquée par la droite catholique ainsi que par l’extrême droite, notamment L’Action française.
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