Extrait du journal

ARIS s est libéré — et s’est libéré lui-même — contre un ennemi en retraite et déjà en dé route, mais encore puissamment armé. Les Parisiens à l’exemple de tous les combattants qui, de la montagne à la foret, ont tieiiire tieja de vastes parties du territoire national, se sont dressés dans un élan qui égala et dépassa par l'union, par la ferveur, par l'héroïsme, celui des plus grands jours du passé. Cinquante mois de honte et d'oppression sous le régime de la capitulation, de l’imposture et de la trahison sont aujourd’hui effacés et vengés. La France se retrouve plus grande au travers de repreuve; elle con naît aujourd'hui ceux de ses fils sur lesquels elle peut compter, qui sont le nombre, qui sont l’élite, qui sont la nation. Elle connaît aussi le pouvoir de l'union et du courage. C’est par l’appel à l'union et au courage que le Conseil National de la Résistance, au nom duquel j’ai l’honneur et la fierté de m’adresser, par l’intermédiaire d'une radio affranchie, à la France et au monde, 9 pu dans la nuit de l’oppression dresser un peuple pour le combat, dans le moment même où des vieillards chamarés et d’abomi nables bandits s efforçaient de prostituer toutes ses gloires. La France est aujourd’hui, par le courage des com battants, qui ont su précéder l'arrivée de l'allié au lieu de l’attendre, à nouveau un pays d'hommes libres, un pays libre. Grâce au général de Gaulle, qui le premier donna le signal du refus de capituler, et qui a incarné à tous les yeux l’indépendance et la tradition nationales, grâce aux combattants de la Résistance, grâce à nos martyrs sans nombre, morts silencieux sous les tortures, la liberté des citoyens, l’indépendance de la patrie, la fierté d’un grand peuple sont pour nous des patrimoines reconquis. La lutte continue. Dans le quartier populaire d'où je vous parle le canon ennemi et le mousqueton français alternent presque sans interruption mais la confiance et l’enthousiasme ne sont pas du côté des gros calibres. C’est aujourd’hui le combat. Nous associons d’un cœur reconnaissant à notre joie d'aujourd’hui nos alliés bri tanniques, soviétiques et américains qui, sur les champs de bataille de toutes les parties du monde, ont versé leur sangSiour la cause qui nous est à jamais commune. Bientôt les Alliés seront à Paris, accueillis par les pari siens vainqueurs. Le général de Gaulle et le Gouvernement provisoire de la République Française seront reçus par le Conseil National de la Résistance et après tant de deuils et de douleurs nous reconstruirons dans la joie et dans la fierté un grand peuple, fort, indépendant et juste. ; Georges BIDAULT....