Extrait du journal

ÜNE ARMÉE DE DIABLES BLANCS _à l’assaut d’un bourgs, De notre correspondant de guerre Roger BASCHET UN gros bourg apparaît au loin dons la plaine blanche ; son clocher pointe vers le ciel et sa lisière est ourlée de petites maisons de briques presque toutes semblables : il a Tellure de tous les villages heureux ; et cependant il vit peut-être ses dernières heures, cor l'armée britannique s'apprête à l'arracher aux Allemands, intact ou crou lant. C'est le drame qui se joue quotidiennement depuis que nos Alliés ont lancé leur offen sive en direction de la Roer. Aujourd'hui, devant Soint-Jocst, l'opération se prépare méthodiquement : les éléments motorisés prennent position, comme les vaisseaux d'une immense escadre tantôt naviguant en convois sur les routes tantôt manœuvrant dons les champs sous l'œil vigilant des avions d'observation. Les hommes sont habillés de blanc ; et les chars, encapuchonnés de toile à parachutes que gonfle un peu le vent, prennent des formes imprécises. L'ennemi semble, hélas, décidé à défendre Soint-Joost... Et l'enfer ne torde pas à se déchaîner : ou ras du sol et dans un bruit terrifiant, les avions lonce-fusées noient tout d'abord de feu les chars allemands qui s'immobilisent, incandescents ; puis la bataille se poursuit au lance-flamme et à l'orme automatique. Le clocher oscille ; les toitures s'écrou lent ; les arbres s'abattent ; le bétail s'enfuit et tombe foudroyé. Maison par maison l'infanterie libère Soint-Joost ; et je m'engage dans les rues encore désertes. Un soldat anglais, sans dire un mot, me montre parmi les poutres calcinées une forme noire d'où monte un filet de fumée et qui fut un homme, il y a quelques instants... Un casque plat gît à côté. Dans une prairie voisine, des cadavres se détachent sur la neige j un bras est tendu vers le ciel ; une main est crispée sur une motte de terre. (Lire la suite en 2» page, 4» colonne.)...